Vivre à la frontière
Cet ouvrage parcourt trois quarts de siècle, allant de la jeunesse de Laura Perls dans l’Allemagne intellectuellement florissante d’avant la période hitlérienne jusqu’à ses dernières années. Il présente le cheminement et le fruit du labeur de toute une vie. La dimension personnelle, trame de fond subtilement évoquée, sert visiblement de « soutien » et d’inspiration à la dimension professionnelle, tout en laissant entrevoir le contexte philosophique et social d’où a émergé la théorie. Il s’agit là d’un héritage peu commun.
Une théorie, selon Laura Perls, n’est qu’un ensemble de construits hypothétiques qui permettent de rendre compte de phénomènes, à un moment donné, à un sous-groupe de personnes de même culture et qui travaillent ensemble. Nous voilà bien au cœur d’une théorie-contact, c’est-à-dire d’un instrument de communication et de stimulation grâce auquel la réflexion personnelle évolue dans un contexte donné, phénomène-frontière entre l’échange, le contact avec l’autre, l’observation des phénomènes. Nous sommes loin des frontières rigides ou imperméables et des théories qui enferment et séparent, des « gestalt fixes » qui donnent des théories sclérosées et sclérosantes.