Pendant de nombreuses années, la collection de textes de Gary a fourni une base solide aux étudiants en gestalt-thérapie du monde entier. Quel que soit le pays où j’enseignais, j’entendais des étudiants décrire avec enthousiasme le livre de Gary comme une "bible" pour comprendre la théorie et la pratique de la gestalt-thérapie. Je peux comprendre leur enthousiasme et leur appréciation car, dans ce livre et dans les articles qu’il a écrits par la suite, au fur et à mesure que sa pensée et son écriture évoluent, il continue à faire des liens entre les nouveaux développements de la théorie et de la pratique et nos fondements théoriques. Il ne s’écarte jamais des principes fondamentaux, il continue simplement à les développer.

Il n’isole pas un concept d’un autre. Il pense et écrit de manière intégrative, et montre comment déplier un concept conduit inévitablement à le relier à d’autres concepts, ce qui est en soi l’expression du processus de figure et de fond en constante évolution. L’un des dons de Gary à la gestalt-thérapie a été sa volonté et sa capacité d’expliquer la pratique clinique. Sa propre pratique clinique a évolué au fil des ans et pourtant, dans ses écrits ultérieurs, il montre constamment comment l’évolution de sa pratique reflète une compréhension plus profonde et plus nuancée de nos fondements théoriques plutôt qu’elle ne l’en éloignent.

Lynne Jacobs
Psychanalyste didacticienne et gestalt-thérapeute

Gary Yontef a toujours clairement indiqué, dès ses premiers écrits et jusqu’à aujourd’hui, que le processus dialogal est au centre de son travail thérapeutique et que, lorsqu’il parle de pratique clinique, tous les autres concepts sont tissés autour du dialogue. La prise de conscience ainsi que la prise de contact soutiennent l’engagement dialogal qui est la pierre angulaire de son approche de la thérapie.

Le terme "attitude dialogale" a évolué pour englober davantage que le processus "Je-Tu" que Laura Perls a introduit pour la première fois dans la gestalt-thérapie à partir de son association avec Martin Buber. Gary a développé une appréciation toujours plus grande de l’"inclusion" (une écoute empathique profondément incarnée) en tant que pratique d’instant en instant des petits moments et non des grands gestes. Il a toujours été un fervent partisan de la présence. Quiconque le rencontre, que ce soit en le lisant, en l’observant ou en s’engageant directement avec lui, ne peut s’empêcher de remarquer sa présence.

Au fil des années, il est devenu de plus en plus attentif au fait que les mondes expérientiels des patients impliquent toujours, à un degré indéterminé, le thérapeute. Et le monde expérientiel du thérapeute implique le patient. Le thérapeute et le patient sont immergés ensemble dans des processus et des expériences co-émergents. L’attitude dialogale est celle qui accepte l’inévitabilité de la vulnérabilité et l’humilité de la co-implication. Dans ses écrits et dans son engeignement, son humilité est apparente.

Lynne Jacobs
Psychanalyste didacticienne et gestalt-thérapeute

Sa passion est véritablement le travail clinique. La théorie est un support, mais elle est inutile si elle ne peut pas guider son travail. C’est pourquoi la plupart de ses écrits théoriques visent à répondre à cette question : que signifie ce concept pour les processus thérapeutiques ?

Lorsque Gary enseigne la gestalt-thérapie, il aide les étudiants à utiliser leur compréhension des styles de caractère afin de les aider a former des figures d’intérêt cliniquement pertinentes.
On peut considerer les styles de caractère comme des schémas répétitifs d’expérience et d’action qui aident un patient à se réguler, à anticiper ce qui pourrait se passer ensuite, etc. On peut également les décrire comme des grappes de gestalts fixées.

Gary a entrepris d’essayer d’utiliser les idées cliniques tirées des écrits psychodynamiques traditionnels et d’utiliser une approche gestaltiste pour comprendre et travailler avec les gens, par le dialogue, d’une manière qui soit sensible aux habitudes particulières des différents styles de caractère. Je soupçonne que c’est l’un des aspects les plus controversés de ses écrits.
Cependant je dois dire que les étudiants du monde entier lui en sont reconnaissants et qu’ils trouvent qu’ils travaillent avec plus de sensibilité après avoir lu ses articles et chapitres sur les styles de caractères. Ses descriptions des styles de caractère et ses idées sur la façon dont cela peut façonner les dialogues thérapeutiques aident les cliniciens à mieux comprendre leurs patients et à comprendre leurs propres réactions à l’égard de leurs patients, ce qui aide le thérapeute et le patient à s’engager dans un dialogue constructif.

Lynne Jacobs
Psychanalyste didacticienne et gestalt-thérapeute